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Inspirer de l’Excellence en Journalisme – 7 Observations Critiques de la Conférence d’Excellence des Médias d’Afrique de l’Ouest et Remise des Prix

Après plusieurs réflexions sur son travail de promotion de la liberté de la presse et du développement des médias en Afrique de l’Ouest, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a initié en 2017 ce qui est devenu maintenant le plus grand événement de journalisme le plus attendu de la région – la Conférence d’Excellence des Médias d’Afrique de l’Ouest et Remise des Prix (WAMECA).

La WAMECA convie chaque année les principaux acteurs pour délibérer sur les principaux problèmes de développement des médias, reconnaît et honore également les journalistes dont les travaux ont eu un impact significatif sur la société.

La première édition de WAMECA (2017) a enregistré plus de 500 articles soumis par  des journalistes travaillant dans 200 organes médias de la région. L’édition 2018 a connu une augmentation de près de 50% des inscriptions reçues. Les deux éditions ont été évaluées par un jury composé de journalistes et d’experts des médias distingués, expérimentés et renommés.

Les articles soumis et évalués lors des deux dernières éditions fournissent des pistes de réflexion critiques sur l’état et la qualité du journalisme en Afrique de l’Ouest. Ci-dessous, la MFWA en fait la présentation en sept points suivants:

  1. Les articles reflètent les défis de la société

En ce qui demeure comme une perspective positive pour le journalisme en Afrique de l’Ouest, bon nombre des reportages des journalistes au cours des deux dernières années ont considérablement reflété les problèmes critiques de développement qui affectent les pays de la région. Une grande partie des contributions reçues ont été consacrées à la santé, à l’éducation, aux infrastructures sociales, à l’énergie, à la lutte contre la corruption et à d’autres objectifs de développement durable (ODD) – ce sont les mêmes problèmes majeurs de développement dans la région. Si le journalisme doit mettre en lumière les problèmes qui prévalent dans la société et montrer la voie à suivre pour apporter des solutions, donc il y a une lueur d’espoir pour la région de l’Afrique de l’Ouest.

  1. Le défi à se connecter à une vue d’ensemble

Les articles de presse qui visent un grand impact sur la société doivent s’attaquer à des problèmes qui intéressent beaucoup de gens. Les articles de presse isolés et anecdotiques, même lorsqu’ils sont bien présentés, n’engendrent pas un véritable impact, car peu d’audiences peuvent s’identifier ou se connecter avec eux. Dans les deux éditions de WAMECA, beaucoup d’articles de presse remarquables ont échoué, car les journalistes n’arrivaient pas à relier leurs articles de presse, du moins bons, aux grands problèmes de la société. De nombreux articles soumis n’indiquent pas pourquoi les sujets abordés devraient intéresser un public qui pourrait ne pas être immédiatement affecté par les reportages. Les journalistes doivent fréquemment poser des questions sur leurs reportages: «Quelle est la situation dans son ensemble?» «Parmi les nombreux reportages qui retiennent l’attention, pourquoi ce reportage devrait-il avoir de l’importance?»

  1. Journalisme entreprenant limité

En ce qui apparait être un défi général pour le journalisme dans la région, de nombreux journalistes semblent être à l’aise avec la routine et des couvertures répétitive d’événements et d’incidents plutôt que de s’atteler a des articles entreprenantes qui iraient au-delà des sources faciles et évidentes de collecte d’informations critiques. En effet, pratiquer un journalisme entreprenant demanderait plus d’efforts, de temps et de ressources, mais ce sont les reportages qui ont le plus souvent un impact sur la société. De manière inquiétante, beaucoup d’articles soumis au cours des deux dernières années n’ont pas démontré l’inventivité et la qualité professionnelle qui dépassent les simples reportages. Néanmoins, les rares qui montrent la qualité entreprenante sont capables de mettre en évidence des preuves très convaincantes qui déclenchent un débat national.

  1. Présence manquante d’éditeurs

Le jury de WAMECA a constamment déploré l’absence apparente des rédacteurs en chef dans la rédaction et production des articles de presse des journalistes. Les articles de presse qui peuvent être écrits en moins de lignes ou en moins de temps sont parfois inutilement longs, sinueuses et difficiles à suivre, même si les journalistes ont des histoires très importantes à raconter.

“Il n’y a pas beaucoup d’édition en cours ou vous ne pouvez pas sentir la présence d’éditeurs. Je m’attendais à ce que beaucoup d’articles soumis soient courts, mais beaucoup d’articles, presque tous les articles, sont beaucoup plus longs et inutilement. Vous avez deux pages là ou une page aurait pu raconter l’histoire”. Elizabeth Ohene, ancienne productrice du BBC World Service et rédactrice du programme Focus on Africa, membre du jury depuis 2017.

  1. Il faut plus de femmes pour faire du journalisme critique

Le nombre des articles  pour WAMECA au cours des deux dernières années montrent peu d’articles soumis comparativement très faible par rapport aux femmes. Sur les 32 journalistes retenus comme finalistes des prix au cours des deux dernières années, seuls 3 sont des femmes. Par ailleurs, seule une femme, Sheila Williams du Business Day in Ghana, a été retenue gagnante des prix. Au cours de l’édition 2018, aucune femme n’a remporté de prix. Les chiffres brossent un tableau de la situation spécifique de la pratique du genre dans le journalisme indépendant et critique en Afrique. Les perspectives des femmes journalistes sont essentielles pour assurer un développement équilibré en Afrique de l’Ouest.

  1. Un nouvel espoir pour le journalisme indépendant en Gambie

Sur une note plutôt positive cependant, il semble que le journalisme indépendant et critique se renforce en Gambie suite à la fin du régime de Yayha Jammeh. WAMECA a reçu un nombre important de contributions de journalistes de la Gambie. Il y a eu une augmentation d’environ 45% d’articles soumis par des journalistes en Gambie, nombre de reportages laissant entrevoir de l’espoir pour un journalisme de qualité à l’avenir.

  1. Faible collaboration / partenariat transfrontalier entre journalistes

Au cours des deux années de fonctionnement de WAMECA, il a été constaté qu’il existait très peu de collaboration ou de partenariat entre les journalistes de différents pays de la région. Presque tous les articles publiés dans les deux éditions de la WAMECA sont des reportages de journalistes sur des problèmes qui affectent leur pays de résidence. Pendant ce temps, de nombreux reportages dont l’impact s’étend au-delà des frontières d’un pays et sur lesquels les journalistes de la région peuvent collaborer. Certaines de ces articles incluent des reportages sur des problèmes commerciaux et économiques, des migrations,  la corruption et des problèmes de la CEDEAO. Face à ce défi, la MFWA a créé le Réseau de journalistes d’investigation d’Afrique de l’Ouest (WANIJ) en vue de mettre en place une plateforme permettant aux journalistes de la région de travailler ensemble.

La MFWA ouvrira l’appel à candidatures pour l’édition 2019 de la Conférence et des prix d’excellence des médias en Afrique de l’Ouest (WAMECA) le 2 Mai. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 19 Octobre 2019.

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